Le q-commerce : catalyseur de la mutation du retail

« Le quick commerce est une simple continuation du e-commerce par d’autres moyens ». Certes, le quick commerce est une tendance récente dans le domaine du e-commerce qui a pour singularité sa rapidité et la souplesse de ses livraisons. Il concerne une flopée de start-up - comme Flink, Gorillas, Cajoo, Dija, Getir, Picnic - capables de livrer des courses en moins de quinze minutes seulement à partir de petits entrepôts disséminés dans des quartiers – les darks stores – et dont l’ambition à long terme serait de remplacer les supermarchés

L’avènement de ce type de commerce a été fulgurant. Il y a quelques le mois, le concept de dark stores et les acteurs du quick commerce étaient quasi inexistants. Néanmoins, maintenant, leur ampleur est telle qu’ils se font remarquer par les comptes de la grande distribution. Toutefois, cette émulsion autour du quick commerce va-t-elle se pérenniser ou s’essouffler face aux mutations entreprises par les grands comptes de la distribution alimentaire ?

Il parait légitime de s’interroger face à la portée qu’est amenée à prendre ce modèle. L’émergence rapide du quick commerce a généré un enthousiasme fort de la part des consommateurs autour de ce concept novateur, qui a pris de l’ampleur et s’est nourri des mesures imposées par la crise sanitaire. Ainsi, en 2020, le e-commerce de produits représente +13,4 % alors qu’il représentait +9,8 % du commerce de détail en 2019 selon la FEVAD. La crise de Covid-19 a changé la façon dont les gens consomment les biens et les services. Les interactions physiques diminuent et les paiements sans contact augmentent ce qui a favorisé la démocratisation fulgurante de la livraison à domicile.

Néanmoins, le q-commerce ne devrait pas remplacer les autres modèles du retail. Les acteurs du retail alimentaires ont eux aussi tiré parti de la pandémie grâce à leur statut de commerce de première nécessité. Les retailers ont adapté leurs processus et leurs fonctionnements pour répondre à l’agilité que demandaient les consommateurs notamment à travers des partenariats avec UberEats et Deliveroo pour proposer également des services de livraison à domicile. Le caractère disruptif du q-commerce ne doit pas inquiéter les retailers qui entament des plans stratégiques avec des Investments importants dans le numérique à l’instar de Carrefour qui compte investir 3 milliards d'euros d'ici à 2026 notamment autour du e-commerce et du retail média .De plus, les caractéristiques d’agilité et de proximité qui bénéficient à ces start ups sont contrebalancées par l’ouverture graduelle de magasins autonomes, de petits supermarchés ou encore de drive piétons par les géants de la grande distribution. Enfin, les mastodontes du secteur du retail possèdent une hégémonie historique qui assure de la stabilité et du pouvoir malgré des engouements périodiques autour de tendances émergentes et l’apparition de nouveaux acteurs.

Ainsi, nous pensons que l’émulsion autour du q-commerce doit être relativisée car il suscite le même entrain qu’il y a quelque année lors de l’émergence des Fintech. Cela n’entrainera pas la disparition des acteurs plus traditionnels. En revanche, cela risque d’accélérer l’évolution du secteur et le développement de nouveaux services pour repenser ou améliorer l’expérience clients. Les acteurs du q commerce vont devenir des acteurs faisant partie de l’échiquier. Il y a fort à parier, comme sur tous les nouveaux marchés, qu’après un très fort engouement qui amène à la création de nombreuses entreprises, seules quelques-unes réussiront le « passage à l’échelle » et à subsister.

Pour aller plus loin, consultez le rapport "Retail & Wholesale - InSight Analysis - France" [accès abonnés - anglais]

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